Le stress thermique chez la vache laitière

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Le stress thermique chez la vache laitière
Le mercure a déjà bien grimpé ces dernières semaines dans les élevages. Par ailleurs, l’été 2021 s’annoncera d’autant plus chaud, avec des conditions plus sèches que la normale (Figure 1).

Figure 1: Prévisions saisonnières probabilistes de précipitations pour le le trimestre mai-juin-juillet 2021. © Météo-France.

Les ruminants, les vaches laitières en particulier, sont très sensibles au stress thermique car le rumen, véritable réacteur microbiologique, produit beaucoup de chaleur pour fonctionner. La zone de thermoneutralité des vaches laitières est comprise entre 5 et 20°C (Bonnefoy et Noordhuizen, 2011). Le stress thermique se manifeste quand l’animal n’arrive plus à maintenir sa température normale lorsque la chaleur et l’humidité ambiante sont trop importantes. L’Indice Température Humidité (ITH) est utilisé pour évaluer ce stress thermique (Figure 2).

Figure 2: Indice Température Humidité (ITH) chez la vache laitière et ses conséquences pour l’animal.

Les ruminants évacuent les calories par la méthode évaporative (conduction, radiation et convection), ce phénomène est visible par le halo de chaleur autour de l’animal l’été. Par fortes chaleurs, la méthode évaporative ne suffit plus pour réduire la température corporelle, l’animal entre alors en polypnée, sa fréquence respiratoire s’accélère passant de 20 à 30 respirations par minute en temps normal à plus de 100. La vache réduit son ingestion de 0,85 kg de MS par degré au-dessus d’une valeur ITH de 72 entrainant une baisse du bilan énergétique et azoté (Bonnefoy et Noordhuizen, 2011). Ceci s’accompagnant donc d’une baisse de la production laitière allant de 25 à 40% (Wheelock et al., 2010). Les vaches hautes productrices et en début de lactation sont les plus touchées par ce stress. La baisse du niveau d’ingestion n’explique que 35 à 50% de la baisse de la production laitière pour des vache en milieu de lactation (Rhoads et al., 2009). Le stress thermique augmente l’utilisation du glucose par les tissus, ce qui entraine une diminution du glucose disponible au niveau sanguin pour la synthèse du lactose par les cellules épithéliales mammaires. À cela s’ajoute une diminution débit sanguin périphérique qui touche aussi la mamelle, réduisant d’autant l’apport de nutriments nécessaire à la production lactée (Bonnefoy et Noordhuizen, 2011). La chaleur affecte aussi directement l’activité des cellules épithéliales mammaires en la diminuant (Collier et al., 2018).
Au niveau des cellules de l’organisme entier, le stress thermique inhibe la synthèse protéique, entraine des modifications membranaire et structurale (Sonna et al., 2002). Il active notamment l’expression de plusieurs gènes de stress dont ceux liés aux protéines de choc thermique dans les deux heures qui suivent l’apparition du stress (Akerfelt et al., 2007, Collier et al., 2006). Le rôle des protéines de choc thermique est d’aider les protéines à se replier de manière adéquate afin de maintenir la conformation normale des polypeptides lors de la synthèse des protéines (Horowitz et al., 2010).
Le stress thermique touche aussi l’immunité, lorsque l’ITH augmente le nombre de leucocytes et de cytokines diminue (Zhang et al., 2014). La capacité des monocytes à proliférer baisse (Lacetera et al., 2006), le statut immunitaire est alors déprimé, l’animal aura ainsi plus de difficultés à faire face aux microorganismes pathogènes présents dans son environnement. Des effets indirects sur la santé ont également été montrés par l’augmentation des pathologies durant cette période (mammites, non-délivrances, métrites, broncho-pneumonies…), probablement en relation avec des phénomènes de stress et, de plus, en raison d’une augmentation de la production de radicaux libres (Bonnefoy et Noordhuizen, 2011).

Le stress thermique a un impact bien plus large que la seule la production laitière, ce sont les performances globales du troupeau qui en pâtissent. Par son action sur l’axe hypothalamo-
hypophysaire, il diminue le développement folliculaire et réduit la sécrétion des hormones stéroïdiennes. L’intervalle chaleur-ovulation s’accroît, l’expression des chaleurs est moindre, diminution en durée et en intensité (Ouellet, 2019). Le taux de réussite à l’insémination baisse lorsque le stress thermique commence à être ressentie par la vache (Figure 3).

Figure 3: Pourcentage de réussite à l’IA en fonction de l’ITH le jour de l’IA (d’après Schüller et al., 2014)

La diminution de la perfusion utérine réduit la croissance du fœtus, la gestation des vaches souffrant de stress thermique est plus courte de 4 à 5 jours (Tao et al., 2013). Les nouveau-nés sont plus légers, moins vigoureux et absorberaient moins les Immunoglobulines G du colostrum de leur mère (Laporta et al., 2016).

Au niveau comportemental, les animaux passent plus de temps en station debout afin de maximiser les échanges thermiques, ils recherchent l’ombre et les courants d’air. Les lésions podales augmentent avec le stress thermique obligeant les vaches à rester plus longuement debout afin de réduire les levers qui sont les phases les plus douloureuses pour elles.

Comment aider son troupeau à limiter l’impact du stress thermique ?

En assurant une bonne hydratation : C’est l’un des facteurs clé pour contrer le stress thermique. Cette eau permet de refroidir l’organisme et de compenser les pertes par extra-chaleur. La consommation d’eau passant de 85L habituellement à plus de 120L par jour, nous voyons bien l’importance de multiplier les accès à l’eau (augmentation du nombre d’abreuvoirs disponibles, les placer dans les endroits les plus frais pour favoriser les visites). Un emplacement à l’ombre des abreuvoirs limitera également l’échauffement de l’eau qu’ils contiennent. Veiller à ce que le débit de l’eau soit suffisant pour un accès non limitant.

En distribuant la ration aux heures les plus fraîches : Les animaux consomment davantage en fin de journée et au petit matin. La plus grosse distribution de l’alimentation se fera à la tombée de la nuit pour accroître les niveaux d’ingestion et limiter l’échauffement de la ration, d’autres petites distributions s’étaleront dans la journée, ce fractionnement limitant l’élévation de la température centrale liée à la prise alimentaire.

En concentrant la ration : La baisse de l’ingestion peut en partie être compensée par une concentration de la ration en énergie non acidogène (maïs grain humide, matières grasses saturées…). Une réduction de l’ordre de 2% du niveau de cellulose (tout en restant à un seuil minimal de 16%) permet de minimiser la production d’extra chaleur dans le rumen lors du processus de digestion des fibres tout en concentrant la ration en énergie et en protéines (Néré cité par Bignon, 2019). La perte d’état des animaux en sera amoindrie.

En prévenant les risques d’acidose subclinique, d’acidose et des pertes ioniques : En raison de la diminution du pouvoir tampon de la salive et de l’augmentation de l’excrétion urinaire du bicarbonate, il est important de remonter le pouvoir tampon ruminal de l’animal avec un apport quotidien en bicarbonate de sodium de l’ordre de 150 à 250 g/j/VL. Il faudra aussi veiller à ce que les apports en autres ions dans la ration totale soient suffisants :

  • Potassium (15g/kg de MS)
  • Magnésium (3g/kg de MS)

En luttant contre le stress oxydatif : Un apport adéquat en antioxydants comme la vitamine C, le sélénium et vitamine E aidera l’organisme à se protéger contre les attaques des radicaux libres.

En favorisant au maximum la circulation de l’air dans le bâtiment : En augmentant la ventilation naturelle si possible voire en installant des ventilateurs et des brumisateurs ou gicleurs.

En réduisant le stress occasionné par les mouches : Vos animaux souffrent déjà de la chaleur, les mouches sont un fléau de plus. Plusieurs leviers de lutte existent ! Vous pouvez consultez notre article à ce sujet 😉

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